Trish Balusa,« Je veux marché là où Sankara a marché »

 

Dans un monde où les inégalités persistent et où l’histoire de l’Afrique est souvent racontée par d’autres, Il y a certaines voix qui s’élèvent pour défendre la dignité et les aspirations du continent. Trish Balusa, conseillère sociale, participante  de l’émission  »Big Brother » de la télévision nationale Britannique ITV fait partie de ces figures engagées. Britannique d’origine congolaise, elle lutte contre le racisme, les injustices sociales et milite activement pour les droits des femmes africaines et des enfants. Inspirée par Thomas Sankara, Trish Balusa nous raconte son histoire, son amour pour le père de la Révolution burkinabè, sa vision pour le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré,… dans cette interview accordée à notre rédaction. Lisez !

CS M: Présentez-vous à nos lecteurs.

T B : Je m’appelle Trish Balusa. Je suis d’origine Congolaise et une personnalité de la télévision. Je suis une personnalité publique, j’ai été animatrice de la plus célèbre émission « Big Brother »sur la chaîne nationale Britannique ITV. Dans mon pays, je mène des combats pour la justice sociale et pour la femme africaine. J’aime surtout aborder les difficultés des femmes africaines, des femmes noires et aussi ceux des enfants.

CSM : Etes-vous présentement dans un média ou qu’exercez-vous en ce moment comme profession ?

T B : Je suis conseillère sociale, éducatrice et engagée dans la lutte contre les injustices sociales avec beaucoup de panafricanistes.

CSM : Pouvez-vous nous racontez votre histoire avec Thomas Sankara ?

T B: J’ai toujours eu une passion pour la justice sociale. Je suis née au Congo et j’ai vécu l’injustice et la dictature, notamment sous le régime du président Mobutu. Mon père a été victime de cette dictature, ce qui a forcé ma famille à quitter le pays. En grandissant en exil, j’ai été confrontée au racisme et je l’ai subi de la part des Blancs envers les Noirs. Tout cela a forgé mon engagement pour la justice sociale.

C’est à travers son discours sur la dette africaine que j’ai découvert Thomas Sankara. Cet homme était incroyablement courageux. Son engagement et sa lutte ont changé positivement ma vie. Il m’a inspirée et motivée à me battre contre l’injustice sociale. J’ai même souhaité à l’époque avoir un fils comme Sankara : intègre et juste.

CSM : Sankara a été tué en 1987 lors d’un coup d’État au Burkina Faso. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

T B : Sankara a trop fait confiance à ses proches. Il ne savait pas que ses propres amis pouvaient lui faire du mal. C’était son erreur. Le monde est contre les hommes de principe et de justice comme Sankara et Lumumba. Ces figures emblématiques se sont distinguées par leur loyauté, leur véracité et leur engagement pour la bonne cause.

Cependant, ce genre de personnes n’est pas apprécié par l’Occident et par certains dirigeants africains corrompus. C’est pourquoi ils ont été assassinés pour éviter qu’ils n’éveillent la conscience des jeunes Africains, comme ce fut le cas au Burkina Faso. La jeunesse burkinabè était consciente, révolutionnaire et combative. L’Occident a voulu mettre fin à cela, car cela nuisait à ses intérêts.

CSM : Connaissez-vous le Burkina Faso ? Y êtes-vous déjà allée ?

T B: Je ne suis jamais venue au Burkina Faso. Je peux même dire que j’ai honte d’avouer que j’ignorais qu’il y avait un pays qui s’appelait Burkina Faso. C’est à travers Sankara que j’en ai entendu parler. J’avais promis que j’appellerais mon fils Sankara. Aujourd’hui, mon fils s’appelle Sankara, car je veux qu’il incarne les valeurs de ce grand homme et les valeurs du peuple burkinabè.

CSM : c’est quand même extraordinaire qu’une personnalité bien connue de la Grande Bretagne donne un nom pareil à son enfant. Comment votre entourage réagit- il au fait que votre fils s’appelle Sankara ?

T B: Il y a trois types de réactions.

Ceux qui connaissent Thomas Sankara sont choqués, car c’est un nom « très grand » à porter. Mais après la surprise, ils sont fiers, car Sankara est une fierté africaine.

D’autres font référence à une comédienne congolaise du nom de Sankara. Ils pensent que j’ai nommé mon fils en hommage à elle. Je leur explique que c’est en référence au capitaine Thomas Sankara, et ils comprennent.

Enfin, ceux qui ne connaissent pas Sankara trouvent simplement que c’est un beau prénom et me demandent d’où ça vient. C’est alors l’occasion pour moi de leur parler de lui. Pendant les journées de déguisement à l’école, je fais habiller mon fils en tenue militaire comme Sankara et cela crée énormément de spectacles. Et je crois fermement que je suis entrain de former un futur Sankara.

CSM : Envisagez-vous un jour de visiter le Burkina Faso ?

T B : Oui ! Je veux marcher là où Sankara a marché, comme je l’ai fait pour Lumumba au Congo. C’est mon rêve de venir au Burkina Faso. J’amènerai mon fils avec moi pour qu’il découvre ce pays et marche sur les traces de Sankara. Ce sera un grand honneur pour moi.

CSM : Aujourd’hui, le Burkina Faso est dans une nouvelle phase de révolution. Pensez-vous que l’on puisse encore voir émerger des figures comme Sankara ? Connaissez-vous un peu l’actualité du Burkina ?

T B : Je connais un peu l’actualité, même si je ne peux pas dire que je la maîtrise totalement. Je sais qu’il y a Ibrahim Traoré. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, je n’étais pas convaincue. J’ai vu trop de leaders africains faire des promesses et ne pas les tenir. Beaucoup évoquent Sankara et Lumumba comme s’ils allaient répéter leurs actions, mais finissent par faire le contraire.

Au début, je n’avais donc pas d’espoir. Mais en écoutant ses discours et en observant ses actions, j’ai compris qu’il pouvait accomplir de grandes choses. Quand j’ai vu l’Occident et certains dirigeants africains corrompus le qualifier de dictateur, j’ai compris que c’était un homme de justice. Les Occidentaux ont peur de lui parce qu’il est loyal et un combattant pour la justice et la liberté, contrairement à d’autres présidents africains.

Quand l’Occident a peur d’un Africain, c’est qu’il travaille dans l’intérêt de son peuple. Et c’est là que j’ai commencé à faire confiance à Ibrahim Traoré. Il bouge beaucoup, il agit. Il inspire la crainte, et c’est ce dont nous avons besoin. Quand je le vois, je vois Sankara. Dans son style vestimentaire, dans sa façon de saluer, on ressent cet héritage. Il ne porte pas de vestes comme les Européens, il incarne l’identité africaine. On peut dire qu’Ibrahim Traoré est le deuxième Sankara du Burkina et de l’Afrique.

CSM : On dit souvent que l’Afrique est l’avenir du monde, le continent de la jeunesse. Vous qui vivez au Royaume-Uni, quel regard portez-vous sur ce continent ?

T B: Dans mon for intérieur, je sais que l’Afrique est l’avenir du monde. Le monde entier dépend des ressources naturelles africaines. Si l’Afrique n’existait pas, le monde ne fonctionnerait pas. Mais si le reste du monde n’existait pas, les Africains continueraient d’exister et pourraient être encore meilleurs en exploitant leurs propres ressources.

L’Afrique n’est pas seulement l’avenir, elle est aussi le présent et le passé. L’histoire le prouve : l’esclavage, la colonisation… à chaque époque, le monde a eu besoin de l’Afrique. Mon souhait est que les Africains bénéficient davantage de leurs richesses au lieu qu’elles profitent aux autres.

C’est pourquoi, des leaders comme Ibrahim Traoré nous redonnent espoir et courage. Ils sont des visionnaires. Mais lorsqu’on se démarque et qu’on veut le bien de son peuple, l’Occident tente de nous détruire. C’est ce qu’ils ont fait à Lumumba, à Sankara…

CSM : Quel message avez-vous pour les Burkinabè et les Africains en général ?

T B: Merci au Burkina Faso pour nous avoir donné Thomas Sankara. Vous nous avez donné de l’espoir. Nous sommes fiers de vous et nous vous soutenons. Le combat continue avec le capitaine Ibrahim Traoré. Ils ont tué Sankara, mais ses idées demeurent. J’ai foi qu’un jour l’Afrique sera libre et cela commencera par le Burkina Faso.

 

 

Interview réalisée  par Moussa Ramdé/CS Médias

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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