Quarante ans après avoir quitté Ouagadougou, M. et Mme Nanou, un couple ivoirien passionné de cinéma, ont fait le voyage retour pour assister au FESPACO 2025. Ce retour a été bien plus qu’une simple visite : il s’est transformé en une redécouverte voire un pèlerinage dans un pays qui les a réunis et qui, aujourd’hui, représente pour eux l’avenir de l’Afrique
Tout commence en janvier 1985. M. Nanou arrive à Ouagadougou depuis Abidjan, avec le rêve de poursuivre ses études. Il se souvient encore du voyage éprouvant de 24 heures en train qu’il a fait, et débarquant dans une ville qu’il décrit en son temps comme « un gros village », mais empreinte d’une énergie révolutionnaire fascinante.

« C’était ma première fois de voir des femmes policières, cela n’existait pas chez nous. J’ai aussi été marqué par l’hospitalité des Burkinabè. Je me rappelle quand j’étais malade, c’est mon voisin qui me donnait à manger, il m’emmenait à l’hôpital. Vraiment ce sont des faits que je ne peux jamais oublier», se rappelle-t-il avec un sourire. M. Nanou s’inscrit rapidement au lycée Saint-Joseph, un choix qui va s’avérer déterminant pour son avenir. À cette époque, la révolution menée par le CNR du capitaine Thomas Sankara battait son plein. Sa future épouse, arrivée un peu plus tôt en octobre 1983, partage cet enthousiasme par rapport au vent de changement qui souffle sur le pays.
« Nous ne nous appelions pas Monsieur ou Madame, mais ‘ ‘camarade’’. Peu importe notre origine sociale, nous étions égaux dans cette quête de justice. Avec la Révolution, c’était vraiment l’idéal que je cherchais en matière de justice sociale. Je n’ai pas hésité à devenir une partisane de cette idéologie », raconte Mme Nanou avec émotion.
C’est dans ce contexte qu’ils feront leur rencontre le jour de l’anniversaire de Mme Nanou. « Nous n’étions pas venus pour nous amuser, nous nous sommes mis ensemble avec un objectif clair : réussir et avancer ensemble », affirme M. Nanou.
Quatre décennies après, le couple retrouve la capitale burkinabè avec émerveillement. « Nous n’avons pas reconnu la ville ! Ouaga 2000 n’existait pas avant », s’exclame M. Nanou qui se rappelle d’une ville où dominaient les cours communes et une ambiance de village. Aujourd’hui, le constat est tout autre. Il découvre une capitale en pleine mutation, avec des infrastructures modernes et une effervescence économique.
« On voit que l’Afrique est en marche, et ici au Burkina, cela se ressent encore plus. Le Burkina Faso aujourd’hui incarne l’espoir, on voit les bases d’une Afrique puissante libre et indépendante», ajoute son épouse.
Mieux , ce qui les a le plus impressionnés, c’est l’énergie du FESPACO.
« L’engouement est tel que nous n’avons même pas pu visiter tous les stands que nous voulions ! », raconte M. Nanou, encore surpris par la foule compacte qui se presse à la Maison du peuple. « Le FESPACO a pris une ampleur incroyable, c’est un rendez-vous incontournable du cinéma africain et un symbole de la fierté culturelle du continent ».
Cinéphiles convaincus, le couple est venu non seulement pour voir des films, mais aussi pour échanger et débattre. « Nous avons toujours adoré analyser les films, comprendre leurs messages. C’est une passion qui nous lie depuis des années », confie Mme Nanou.
Au-delà du cinéma, ce retour leur permet de mesurer l’évolution du Burkina Faso. « Ce pays est l’espoir de l’Afrique », affirme avec conviction M. Nanou. Et d’ajouter : « Ibrahim Traoré incarne une nouvelle génération de leaders, il est dans la lignée d’un Thomas Sankara. Il a su réveiller un sentiment de fierté et de souveraineté. Ce que le président Ibrahim Traoré fait aujourd’hui est beaucoup apprécié partout en Afrique. Il est l’espoir d’une jeunesse africaine en quête d’une indépendance réelle»
Un sentiment partagé par son épouse qui souligne la transformation socioéconomique de la ville : « On est passé d’une société majoritairement rurale à une urbanité bien ancrée. L’auto-travail et la résilience sont les piliers de cette nation. »
Sur la question des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, M. Nanou reste optimiste malgré les récentes tensions politiques.
« Les liens entre nos peuples sont indissociables. On peut sortir de la CEDEAO, mais on ne peut pas effacer nos relations, nos familles, notre histoire commune. Par le passé, nous étions un même pays. C’est le colon qui nous a divisé. Je pense que les gens feront tout, mais dans un futur, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire finiront par redevenir un seul pays.», assure-t-il. « Nos terres sont riches, notre culture est partagée, alors mettons-nous ensemble pour bâtir un avenir solide. »
Mme Nanou abonde dans le même sens : « Unissons-nous. Ivoiriens, Burkinabè, Togolais, Maliens, Sénégalais… C’est l’unité qui nous rendra forts. Ce qui nous divise doit être oublié, car notre destin est commun. »
Pour ce couple ivoirien, revenir à Ouagadougou, c’était bien plus qu’un simple voyage nostalgique. C’était un rappel de leur jeunesse, de leurs rêves, et un témoignage de la force du Burkina Faso.
« Nous avons retrouvé un pays qui avance, qui se construit, et qui prouve que l’Afrique a un avenir brillant », confie M. Nanou.
Alors que les projecteurs du FESPACO s’éteignent, ces derniers disent retenir du Burkina un modèle de résilience, un pays ambitieux dans lequel se construira l’Afrique de demain.
Rédaction CS Médias