Après 28 ans d’attente, le Burkina Faso renoue avec la plus prestigieuse distinction du FESPACO. Ce samedi 1ᵉʳ mars 2025, le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a remporté l’Étalon d’or de Yennenga avec son film Katanga, la danse des scorpions. Ce sacre marque un tournant historique pour le cinéma burkinabè.
En effet, depuis 1997, année où Gaston Kaboré avait été récompensé pour Buud Yam, aucun cinéaste burkinabè n’avait réussi à décrocher le graal. Avec Katanga, la danse des scorpions, Dani Kouyaté brise cette longue attente et redonne au pays des Hommes intègres sa place de leader du cinéma africain. Inspiré de Macbeth de William Shakespeare, ce film plonge le spectateur dans une tragédie où ambition et trahison se mêlent, le tout ancré dans un univers burkinabè captivant.
Lors de la cérémonie de clôture du FESPACO 2025, en présence du président Faso et des premiers ministres burkinabè et tchadien, Dani Kouyaté a dédié son prix au peuple burkinabè : « Cet Étalon d’or de Yennenga est celui du peuple résilient du Burkina, qui continue de se battre malgré les épreuves ».
Né dans une famille de griots, Dani Kouyaté est un nom bien connu du cinéma africain. Fils du légendaire acteur Sotigui Kouyaté, il a grandi dans un univers où la parole et la scène sont des traditions séculaires. Après des études de cinéma à l’Institut africain d’études cinématographiques de Ouagadougou, puis à Paris 8, il se forge une carrière marquée par des films qui explorent la mémoire africaine et la transmission des légendes.
Dani Kouyaté s’est illustré dès 1995 avec Keïta ! L’Héritage du griot, un film inspiré de l’épopée de Soundiata Keïta. Il enchaîne ensuite avec Sia, le rêve du python (2001), Ouaga Saga (2003) et Soleils (2013), avant d’atteindre la consécration avec Katanga, la danse des scorpions.
En parallèle, il transmet son savoir en tant qu’enseignant à l’Université d’Uppsala en Suède, contribuant ainsi à la formation de nouvelles générations de cinéastes africains.
Placée sous le thème « Cinéma d’Afrique et identités culturelles », cette 29ᵉ édition du FESPACO a rassemblé des cinéastes venus de tout le continent. Au-delà de la compétition, elle a été un espace de réflexion sur le rôle du cinéma africain dans la préservation des identités culturelles.
Avec cette victoire, Dani Kouyaté inscrit son nom aux côtés des grands réalisateurs burkinabè tels que Idrissa Ouédraogo (Tilaï, 1991) et Gaston Kaboré (Buud Yam, 1997). Son sacre rappelle, une fois de plus, que le Burkina Faso demeure la capitale du cinéma africain.
Rendez-vous est pris pour la 30ᵉ édition du FESPACO, qui se tiendra du 27 février au 6 mars 2027.
Sonia Nikiema