Entretien avec Souké de Bobodiouf
Figure emblématique du 7ᵉ Art burkinabè, Mamadou Tiendrébéogo, plus connu sous le nom de Souké, reste l’un des visages les plus populaires de la série culte Bobodiouf. Dans cet entretien exclusif accordé à CS Médias, l’acteur revient sur son parcours, sa complicité avec Siriki, son plus grand cachet et dénonce la précarité des comédiens dans l’industrie cinématographique burkinabè.
Vous êtes Mamadou Tiendrébéogo à l’état civil, mais appelé Souké par bon nombre de Burkinabè après votre rôle dans Bobodiouf. En quoi cela influence-t-il votre vie courante ?
MT : C’est surtout une question de respect et de courtoisie dans mes relations avec les gens. Je pense aussi que la réussite du duo vient du fait que Siriki et moi nous connaissions bien avant le tournage de Bobodiouf. Cela a facilité la complicité. Aujourd’hui encore, j’ai d’excellents rapports avec lui, en dehors du cinéma : nous sommes devenus des amis, voire des frères.
Malgré le statut de « capitale du cinéma africain » que détient Ouagadougou, beaucoup d’acteurs peinent à vivre de leur art. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette situation ?
MT : Nous ne sommes pas rémunérés à notre juste valeur. Il faudrait revoir le barème national pour rehausser les cachets. Beaucoup de comédiens travaillent sans reconnaissance financière proportionnelle à leur talent et à leur contribution au rayonnement du cinéma burkinabè.
Dans un projet de film burkinabè, votre image est clairement un atout. À combien s’élève aujourd’hui le cachet de Souké ?
MT : Quand c’est « trop », c’est 700 000 F CFA. Oui, le cachet de Souké s’élève à 700 000 F CFA pour un rôle dans un film.
Quel a été votre plus gros cachet depuis le début de votre carrière ?

MT : C’est justement ce montant : 700 000 F CFA, le plus haut que j’aie perçu à ce jour.
On vous voit de moins en moins dans les nouvelles productions locales. Est-ce parce que vous n’êtes plus sollicité ou parce que vous êtes jugé trop cher par les réalisateurs ?
MT : Les gens disent souvent que je suis « ancien ». En réalité, c’est un prétexte pour ne pas payer les comédiens à leur juste valeur. Ce n’est pas une question de tarif excessif, mais plutôt de manque de volonté de rémunérer correctement les acteurs.
Si vous pouviez changer quelque chose dans ce milieu, ce serait quoi ?
MT : Je rendrais ce milieu plus professionnel et plus raisonnable. J’ai voyagé dans plusieurs pays, et partout, on parle en bien du Burkina Faso lorsqu’il s’agit de cinéma ou du FESPACO, grâce à nos séries télé connues à l’international. Normalement, il n’y a aucune raison que les comédiens burkinabè soient aussi mal rémunérés. L’État devrait davantage nous soutenir. Certaines productions ou réalisateurs reçoivent jusqu’à 200 millions F CFA, mais paient les acteurs en monnaie de singe. C’est une injustice à corriger.
Propos recueillis par : Abdoulaye Ouédraogo/ CS Médias









